Lo Hialat
 

Ua revista entaus occitans
A magazine for the Occitans
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[Lo Hialat]

No. 4
Octóber de 1998

Actualitats

Se parla de signar la Charte européenne...

Lo primièr ministre francés declarèt que França estudiava lo cossí de signar la famosa carta. Aquí çò que ne diguèt Libération.

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Ligams

EDITORIAL
Ancien et moderne
par Gérard Dupuy
Le jeudi 1er octobre 1998

La reconnaissance envisagée des langues régionales relève moins d'une concession faite à une pression revendicative qu'une reconnaissance toute bête: la guerre est finie. L'universalisation forcée du français en France est achevée depuis longtemps et l'hostilité jacobine envers des parlers perçus comme des suppôts de réaction ne trouve plus guère à se nourrir. L'ancien ennemi de l'intérieur peut désormais être promu au rang de patrimoine national.

De plus, un épouvantail pédagogique qui a contribué à la minorisation des langues minoritaires s'est dégonflé. L'apprentissage précoce d'une langue, loin d'être un obstacle à l'acquisition d'une troisième, lui est plutôt favorable: le cerveau apprend à apprendre en apprenant. L'anglais ou l'espagnol «deuxième» langue ne sont pas plus menacés par le breton ou l'alsacien que le français ne l'est par le limousin ou le basque.

Il est exact qu'un certain autisme accompagne souvent le culte des enracinements mais c'est affaire de politique, pas de linguistique. En désenclavant les parlers minoritaires de la marginalité où elles les ont elles-mêmes relégués, les institutions républicaines contribueront aussi à leur ouverture aux vents du large. La signature de la charte européenne décrispe des antagonismes obsolètes tout en rappelant quelques évidences: une langue, après tout, est faite pour communiquer, il n'y a pas de fatalité au monolinguisme (un jour, ce mot fera penser aux infirmes qui ont eu le malheur de perdre un membre), à condition qu'on s'en occupe selon les règles de l'art.

A condition qu'on n'oublie pas que l'apprentissage des langues n'est pas tant affaire de «don» que d'appétit qui vient en mangeant.

La modernité, dans le maelström où elle rebrasse toutes choses, a changé le statut des langues. Aucune ne peut plus trôner dans un splendide isolement et, quoique chacun puisse se boucher les oreilles autant qu'il lui plaît, l'avenir sera polyglotte. La reconnaissance des langues minoritaires, loin de contredire l'intérêt montré pour l'enseignement des langues étrangères, le prolonge et peut-être même l'implique. Bref: que les bouches s'ouvrent!


[Lista deus numeròs]
© 1997, 1998 Justin Lapujolada